Clouer le bec

Au Louvre, j’aime clouer le bec. A l’heure où certains s’interrogent sur la façon de réussir leur barbecue, je me questionne sur l’art et la manière de bien crucifier son prochain. « Mais tu passes ton temps au Louvre, des scènes de crucifixion, il y en a que ça, alors tu te tais et tu regardes. » Comme j’aimerai que vous ayez raison…

Les mystères de la passion du Christ d’Antonio Campi

Donc je vais au Musée du Louvre, donc je me tais et donc je regarde les multiples scènes de crucifixion. Car il n’y a rien à dire, le Musée du Louvre est assez bien fourni en la matière. Mais plus je regarde, plus je me tais et plus une petite voix vient me chuchoter à l’oreille : « fatuitas creditur ». Oui, pour le sujet du jour la petite voix me chuchote en latin.

La crucifixion de Niccolo di Liberatore

Le Christ en croix de Philippe de Champaigne

La crucifixion – Crète

Car la contemplation de crucifixions, loin de m’instruire sur mon prochain, n’est qu’un vortex qui aspire la réflexion pour en recracher des tombereaux de questions. Voici une représentation christique sur laquelle personne ne semble pouvoir apporter de commentaire et pourtant, et pourtant… Je ne recherche pas le conflit pour le conflit mais tout y est faux ou presque.

Le pont du Gard d’Hubert Robert

Comment les romains, un peuple qui savait calculer l’inclinaison parfaite sur des kilomètres pour permettre l’arrivée d’eau dans ses villes via ses aqueducs, comment ce peuple aurait-il pu être aussi idiot dans sa pratique de la crucifixion. A moins que les romains n’aient jamais été idiots mais que les artistes made in Musée du Louvre soient partis dans des délires ?

Éléments de décor d’autel : Le portement de croix

L’élévation des masses au travers d’images les plus horribles qui soient constituent une règle de la religion chrétienne. On est souvent moins prompt à se plaindre de son sort quand le curé vous bénit sous le portrait d’un christ qui vient de perdre un bon quart de son estomac et l’équivalent de quarante-deux litres de sang. D’un seul coup la dime, la gabelle, la famine, le petit dernier mort de froid et son aîné dévoré par les loups, tout cela devient bien dérisoire. On évite ainsi de trop se plaindre et de se poser trop de question.

Le retable de saint Denis d’Henri Bellechose

Le calvaire avec un moine chartreux de Jean de Beaumetz

Maintenant que nous vivons à l’abri des loups (enfin je parle pour le 1er arrondissement de Paris, ailleurs j’ai une vague idée mais je ne vais pas paraître péremptoire), que les arcades du musée sont transformées en restaurants assurant la subsistance ; on peut plus facilement se consacrer à la futilité de la vie et jeter un regard malicieux sur la mise en scène.

La crucifixion de Paolo Caliari

Scène de la Passion du Christ : Crucifixion

Je vais me contenter d’être le plus factuel possible. D’abord une définition, CRUCIFIER : « Faire mourir par le supplice de la croix. » C’est juste le fait d’être accroché à une croix et d’y finir ses jours. Cela n’implique nullement des clous. D’ailleurs aucun des témoins de l’époque ne parle de clous. Vous émettez des doutes sur les écrits des apôtres ? Hommes de peu de Foi, je vous laisse à votre hérésie. Jean : « C’est là qu’ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté et Jésus au milieu. » Luc : « Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit appelé «le Crâne», ils le crucifièrent là ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. » Matthieu : « Ils le crucifièrent, puis ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. » Marc : « C’était neuf heures du matin quand ils le crucifièrent. » Qui parle de clous ? Les apôtres donnent l’heure exacte, le temps qu’il faisait, des informations topologiques mais les quatre auraient omis de parler des clous ? La couronne d’épines ils en parlent, la lance de Longinus ils l’évoquent mais personne ne parle de clou. Et s’il n’y a pas de clous, les stigmates sont une blague. Vous aurez au moins appris que saint François d’Assise était le Zavatta de l’époque.

Le Christ mort couché sur son linceul de Philippe de Champaigne

Accessoirement qui s’amusait à faire rouiller et à tordre des clous dans le secret espoir que les bourreaux romains achètent spécialement ces derniers pour les crucifixions ? Vous avez déjà essayé d’enfoncer un clou tordu ?

Le Christ ressuscité, vainqueur de la mort, apparaissant à la vierge Marie, reine des cieux de Theodoor van Thulden

La déploration du Christ de Pieter van Mol

Descente de croix de Jean-Baptiste Regnault

Descente de croix de Jean-Baptiste Regnault

Ange portant les instruments de la Passion : les clous de la Crucifixion

Retable de la Crucifixion de Léonard Limosin

Pietà avec saint François et sainte Marie-Madeleine d’Annibale Carrache

La descente de croix de Maître de Saint-Barthélémy

La descente de croix de Maître de Saint-Barthélémy

« Mais euh…il y a des clous sur tous les tableaux ! » Preuve de la farce artistique. Maintenant imaginons qu’il y ait bien eut des clous, que cela soit tellement normale qu’aucun témoin ne relate ce fait acquis. Vous imaginez le bourreau devant perforer les mains et pieds de Jésus et des deux larrons ? Vous imaginez une espèce de brute épaisse dénuée de la moindre émotion qui arrive à perforer douze fois la peau, les nerfs, les tissus, glisser entre les os sans éprouver le moindre scrupule et surtout la moindre difficulté. Les ordres sont les ordres, mais il y a un petit cœur qui bat sous la cuirasse. Après la révolte de Spartacus Rome fit crucifier six mille esclaves. Soit dix-huit mille clous au minimum. Soyons raisonnable. Oui les hommes peuvent être monstrueux mais les romains sont pratiques avant tout.

L’élévation de la croix de Pierre Paul Rubens

Vous imaginez nos trois crucifiés restant de marbre pendant que le métal traversait les chairs (quoique s’ils restent de marbre, ceci explique que les clous se soient déformés). C’est insupportable. Je vais juste me retenir de formuler l’hypothèse selon laquelle le squelette de Jésus serait en adamantium comme Wolferine. D’autre part, je ne connais pas le régime des bourreaux romains expatriés en Palestine mais je doute que leur convention collective ait pu laisser passer de tels abus. Imaginer le traumatisme.

L’érection de la croix de Pierre Paul Rubens

Je ne vais pas m’attarder sur l’endroit où planter les clous mais pour faire simple si vous plantez dans le creux de la main (comme c’est presque toujours représenté) la masse du condamné et l’attraction terrestre font que cinq minutes après Jésus aurait dû basculer la tête vers le bas avec les mains arrachées. Il aurait perdu de sa superbe.

La crucifixion de Pedro Campana

Médaillon : Crucifixion

Les mystères de la passion du Christ d’Antonio Campi

Jésus est cloué sur la croix de Martial Ydeux

Le calvaire de Karel Dujardin

Le Christ en croix, la vierge et saint Jean

La crucifixion de Maître de 1333

Lorenzo Monaco

Christ mort de Juan Ron

Si vous clouez un peu plus bas sous le poignet, le corps tient mieux mais demande une précision d’expert de la part du bourreau pour trouver le point entre le radius et le cubitus et la base des carpes. Définitivement les clous n’ont pas pu être utilisés. Il est plus probable que les bras du condamné étaient ligotés parallèlement au patibulum (partie horizontale de la croix). Ceci est d’ailleurs souvent le cas pour les larrons. Pourquoi Jésus aurait-il eut droit à un traitement spécial ? La peur qu’il s’envole ? Au passage la crucifixion pour de simples larrons est une sentence chèrement payé.

La crucifixion de Niccolo di Liberatore

Retable de la Crucifixion de Léonard Limosin

La crucifixion de Paolo Caliari

A moins que chez Castoramus ou chez Lempereur Merlinus, dans la zone industrielle de Jérusalem, il y ait eut des promotions sur les croix pour la Pâque ?!

Plaque de reliure : Crucifixion

Pietà de Gonçal Peris

Plaque de reliure : Crucifixion ; Sainte femmes au tombeau

Plaque de reliure : Crucifixion

La crucifixion – Atelier de Jean Penicaud

Mais ce qui me dérange encore plus est de constater que certaines fois, vous trouvez Jésus sur la croix sans la moindre trace de clou, ni aux poignets, ni aux pieds ; comme si Jésus était collé à la croix. Les bras sont écartés, ouverts, comme un geste d’accueil de tous, de bonté. La croix n’a alors qu’une valeur symbolique car elle est la figure géométrique qui représente le mieux, le Christ.

Scène de la Passion du Christ : Portement de Croix

Le portement de croix de Charles Le Brun

Le portement de croix dans un grand paysage du Pseudo-Monvaerni

La croix ! S’agit-il seulement d’une croix ? Les représentations offrent à Jésus une crux immissa et un T pour les larrons. Le sommet de la crux immissa (le stipes) permet d’y fixer l’écriteau. Pour quelle raison n’auraient-ils pas la même ? Vous imaginez l’intendance du palais de Pilate passer ses commandes au gré des condamnations ? Quelle que soit la croix, cette dernière me questionne aussi. Pour quelle raison la croix mesure-t-elle entre quatre et six mètres ? Je comprends que sur les œuvres représentant le chemin de croix cela permet d’augmenter le poids de la Passion par ses dimensions, de mettre une couche supplémentaire sur le calvaire christique. Et de mieux visualiser l’endroit où se trouve Jésus au milieu de la foule.

Le portement de croix de Pierre Mignard

Jésus portant sa croix d’Eustache Le Sueur

Le calvaire, dit aussi Le christ sur la croix entre les deux larrons de David Teniers

Le calvaire de Karel Dujardin

Le portement de la croix de Simone Martini

Le portement de croix de Biagio d’Antonio

La crucifixion de Giotto di Bondone

La montée du calvaire de Francesco dal Ponte Bassano

La crucifixion d’Andrea di Bartolo

Mais sérieusement pourquoi une telle hauteur de croix ? Nous avons vu que cela impose à Longinus de disposer d’un pilum absolument pas réglementaire (pour mémoire un pilum mesure autour de deux mètres) surtout, nous savons que sur la croix, Jésus reçu une éponge vinaigrée tendue au bout d’une branche d’hysope par Stephanon (« Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, la fixèrent à une branche d’hysope et l’approchèrent de sa bouche » évangile de Jean). Ce qui est certain c’est que l’hysope n’existait pas en Galilée à cette époque mais Jean n’était pas jardinier, il a pu confondre avec de la marjolaine ou de l’origan qui sont de la même famille. Taille maximum de la marjolaine : soixante centimètres, de l’origan : quatre-vingt centimètre et de l’hysope : soixante centimètres. Donc pour que l’on puisse atteindre sa bouche avec une branchette de quatre-vingt centimètres la croix ne pouvait pas faire six mètres de haut.

La crucifixion de Pedro Campana

Le calvaire de Karel Dujardin

Partie centrale d’un triptyque : Crucifixion avec Longin et Stéphaton

Je suis un fan de l’ingénierie romaine. Visitez et comprenez n’importe quels thermes gallo-romains et vous vous rendrez compte qu’on ne la leur fait pas. Je ne fais qu’appliquer l’ingénierie romaine à cette histoire. Vous ne comprenez pas ? Bien, alors, sur la plage, déployez votre parasol et tentez de l’enfoncer dans le sable. La croix c’est un peu la même chose. Vous vous rendez mieux compte de la galère ? Comment fait-on tenir cela ? Soit il y a des zones de crucifixion avec des trous pré-creusés dans lesquels on vient encastrer la hampe de la croix. Soit les croix sont déjà en place. Soit il faut à chaque fois faire un nouveau trou.

Le calvaire de Giovanni Bellini

La crucifixion d’Andrea di Bartolo

Le calvaire, dit aussi Le christ sur la croix entre les deux larrons de David Teniers

Plaque : La crucifixion de Jean Penicaud

La crucifixion de Pedro Campana

Le Christ en croix de l’atelier de Simon Vouet

Le Christ en croix de Philippe de Champaigne

La crucifixion d’Andrea Mantegna

D’ailleurs une croix était-elle unique ? Et dans ce cas il s’agit là d’une condamnation onéreuse pour la Justice ou bien les croix étaient-elles facturées à la famille ou réutilisables ? Et dans ce cas de figure à force de clouer toujours au même endroit ne risquait-on pas de fragiliser, voir briser le bois ?

Les mystères de la passion du Christ d’Antonio Campi

Le problème c’est que les œuvres du Musée du Louvre n’offrent pas UNE réponse qui puisse être définitive mais proposent tous les cas de figure. Une zone pavée avec des trous-à-croix chez Mantega, alors que les croix des larrons sont généralement toutes en place avant et visibles au loin pendant le chemin de croix. Et le trou à l’arrache colmaté avec deux buchettes et un parpaing.

La crucifixion d’Andrea Mantegna

La montée du calvaire de Francesco dal Ponte Bassano

Le portement de croix de Nicolas de Largillierre

Le portement de croix de Pierre Mignard

La montée au calvaire de Francesco dal Ponte

La déploration sur le Christ mort d’Andrea di Bartolo

Par contre si les croix sont déjà en place, comment faites-vous pour monter le prisonnier et le clouer ? Et comment faites-vous pour le redescendre ? Il y a de fortes chance pour que les condamnés soient attachés à la croix, puis qu’avec l’aide de l’échelle on érige la croix, que la base soit renforcée pour tenir. Une fois mort on recommence dans l’autre sens, en faisant attention que la croix, emportée par le poids, ne parte pas vers l’avant.

Les mystères de la passion du Christ d’Antonio Campi

La déposition de croix de Pietro da Rimini

Le Christ pleuré par la vierge et les anges d’après Antoon van Dyck

La descente de croix de Jean Penicaud

La déposition de croix d’Eustache Le Sueur

La descente de croix de Jean Jouvenet

La descente de croix de Baccio Bandinelli

La déploration sur le Christ mort d’Andrea di Bartolo

Alors que la crucifixion était une des peines les plus infamantes, je n’arrive pas à savoir comment font les cruci-acrobates pour conserver toujours un bout d’étoffe autour de leur pubis. En effet un crucifié était nu, mais les pudeurs religieuses ont remédié à la question en permettant à Jésus de se coincer un bout de tissu entre les fesses. Rarement visible sur les tableaux et quasi inexistant sur les sculptures, la croix possédait une pièce de bois au niveau des fesses (sedula) sur laquelle le crucifié pouvait s’assoir pour faire relâche. Quand je vous dis que les romains n’étaient pas des monstres.

Le calvaire, dit aussi Le christ sur la croix entre les deux larrons de David Teniers

La crucifixion de Paolo Caliari

Christ en croix

Croix de François-Isaac Bertrand

Le calvaire, dit aussi Le christ sur la croix entre les deux larrons de David Teniers

Autre point sur la croix, cette dernière doit posséder un suppedaneum. Il s’agit là encore d’une pièce de bois permettant de reposer les pieds. Ce suppedeneum est légèrement incliné et seul l’angle d’inclinaison permet aux pieds d’être posés, soutenus. Toute croix sans suppedeneum sur laquelle Jésus a les deux pieds accrochés est une pâle contrefaçon. N’achetez pas ! Le prix est intéressant mais la qualité ne sera pas au rendez-vous. Là encore faite l’expérience : allongez-vous, tendez les jambes et regardez vos pieds. Maintenant forcez les pour être parallèles au sol ; vous constatez le ridicule de votre position et vous noterez qu’une telle position n’est jamais adoptée sur la croix.

Le Christ en croix de Philippe de Champaigne

Le Christ en croix de l’atelier de Simon Vouet

La crucifixion de Novgorod

Le crucifix aux autres de Charles Le Brun

Le calvaire avec saint François d’Assise et le jeune saint Guy de Francesco di Vannuccio

Le calvaire de Karel Dujardin

La passion du Christ de Martial Ydeux

La crucifixion d’Andrea di Bartolo

L’élévation de la croix de Pierre Paul Rubens

Christ en croix

L’érection de la croix de Pierre Paul Rubens

Le Christ en croix, la vierge et la Madeleine, saint Jean et saint François de Paule de Nicolas Tournier

Enfin j’aimerai bien que l’on m’explique la couronne d’épines. Selon le Titien, il a fallu trois robustes gaillards pour lui visser sur le crâne, mais lors de la déposition de la croix trois Marie auraient pu l’arracher sans scalper Jésus ? Et encore, quand la couronne n’est pas tout simplement oublié lors de la crucifixion. Tant de souffrances endurées pour sauver les hommes, c’est beau mais cela semble faux.

Le couronnement d’épines de Tiziano Vecellio

La passion du Christ de Martial Ydeux

Retable de la Déploration du Christ de Joos van Cleve

Descente de croix de Jean-Baptiste Regnault

La descente de croix de Maître de Saint-Barthélémy

La descente de croix de Maître de Saint-Barthélémy

Christ en croix

Les mystères de la passion du Christ d’Antonio Campi

La crucifixion de Donato di Niccolo Bardi

Christ en croix

Christ en croix

Sur ces observations, rares sont les œuvres à remplir quelques-unes de ces conditions puisque aucune ne les remplit toutes.

Le Christ sur la croix. La Madeleine et la vierge sont à ses pieds de Pierre-Paul Prud’hon

« Et comme aucune ne les remplit toutes tu n’envisages pas que tes questionnements et plus encore tes conclusions puissent être erronées ? » La réponse est non. Les commanditaires de crucifixion étaient des curés, des cardinaux, des papes, des couvents, des monastères. C’est celui qui paye qui décide. Cette règle nauséabonde ne doit pas dater d’aujourd’hui, donc quand on demandait une immense croix, des clous rouillés, des pilums gigantesques et des steaks de chair arrachés ; les artistes obtempéraient. Vous imaginez un cardinal en train de vérifier si l’angle d’inclinaison des pieds est médicalement acceptable ?

Le Christ en croix, la vierge et saint Jean

Peut-être que la meilleure représentation du Christ en croix c’est sans la croix ?

Christ en croix

Mes interprétations vous semblent oiseuses, comme souvent, je ne vais donc pas m’attarder sur tout un courant dans la religion (le Docétisme) qui envisage qu’au moment de se faire crucifier, Jésus aurait pratiqué un magnifique tour de passe-passe, remplacé à la dernière minute par Simon de Cyrène et que depuis, Jésus serait sur une île déserte avec Cloclo et Elvis. Un clou chasse l’autre. Et si vous ne me croyez pas, venez voir.

Le portement de croix – Lorraine

Jésus Christ appuyé sur la croix d’Edme Bouchardon

Laisser un commentaire